Ouvrir Couvrir
«Dissèque-toi toi-même, portrait de l’artiste en ‘Silène’ posthumain», in »Ouvrir – couvrir », Paris, Verdier, 2004, pp. 83-123. Auteurs : Jessica Vaturi, Georges Didi-Huberman, Jean-Pierre Vernant, François Lissaraque, Benny Levy, Jacinto Lageira, Alain Fleischer, Paul Ardenne et Raphael Cuir.
Résumé : À la Renaissance, les anatomistes ont consacré le corps humain, chef-d’œuvre divin, comme un des instruments par excellence de la transcendance. Ils ont ainsi octroyé ses lettres de noblesse à leur discipline par un remarquable tour de force qui transformait la destruction du corps humain en connaissance de Dieu par la connaissance de soi. Ils y sont parvenus au moyen d’une rhétorique de l’autodissection efficacement servie par l’art. Aujourd’hui, de nombreux artistes redonnent sens au « connais-toi toi-même » de l’anatomie, mais en le dégageant de toute recherche de transcendance. Malmené par les progrès scientifiques qui soulignent son impuissance, malmené par une philosophie qui ne voyaient plus que ses limites, le sujet se cherche, il se cherche notamment dans les replis internes de sa structure comme en témoignent les autoportraits à caractère anatomique de Marc Quinn, Gilles Barbier, ORLAN, Bernar Venet… Mais l’anatomie n’est plus, comme au temps de sa redécouverte, une structure fiable, incarnation d’un savoir sûr, qui se donnait comme vérité, et qui pouvait servir de caution scientifique à l’œuvre fondée sur lui. L’anatomie de l’être humain est à présent ce qui précisément peut être radicalement transformé, génétiquement manipulé.